Les négociations sur le sud de la Syrie qui ont escorté l’opération militaire lancée par Damas le 19 juin dernier ont été les plus ardues de toutes, en comparaison avec celles d’Alep et de la Ghouta orientale, juge le journal libanais al-Akhbar.
Et pour cause l’imbrication de plusieurs facteurs, dont en tête la multiplicité des acteurs externes qui exercent leur influence sur ce dossier.
Il y avait entre autre le rôle prépondérant des Etats-Unis et de la Grande Bretagne qui avaient comme priorité de diriger les groupes armés dans cette zone afin que leurs actions ne lèsent en rien les intérêts israéliens.
La Jordanie aussi a joué un rôle important pour des raisons de voisinage géographique. Elle a été pendant de longues années l’appui stratégique des factions terroristes, toutes tendances confondues.
L’Arabie saoudite, le Qatar et les Emirats ont de leur côté été actifs dans le sud syrien. Mais leur impact n’a pas toujours été efficace, surtout ces derniers mois pendant lesquels il s’est avéré être inexistant. Si ce n’est le rôle latent joué par les Emirats, lors des accords conclus sur la province de Deraa et qui se sont clôturés par la capitulation d’une faction connue sous l’appellation « Forces des jeunes sunnites » (FJS), l’une des plus puissantes du sud.
D’après le journal libanais, Abu Dhabi avait tissé des liens avec ce groupuscule via l’ancien chef des services de sécurité palestinien qu’il parraine d’ailleurs, Mohamad Dahlane.
Bien entendu, le comportement émirati dans le sud syrien ne peut être séparé des diktats américains qui n’a eu de cesse vouloir aussi contenir les pays qui soutenaient les groupuscules du sud, que ce soit via l’époque de la Cellule MOQ, ou après.
S’agissant des autres factions armées, c’est Amman qui a fait en sorte qu’elles suivent au pas les FJS. Elle les a informées que leur refus de faire part aux tractations en vue d’un règlement leur coûtera la perte de la couverture logistique, militaire et politique qu’elle leur procurait.
Il va de soi pour ces factions que la menace de la Jordanie ne provient pas exclusivement d’elle-même, mais aussi d’un mandat américain, britannique et israélien qui lui a été accordé.
Pour ces puissances, les règles de jeu semblent suivre un changement majeur. Elles se sont finalement résignées à revenir à celles de la ligne de désengagement appliquées sur le front du Golan occupé, tout en obtenant des garanties russes pour éloigner l’Iran et le Hezbollah loin de cet axe.
A cet égard, une source syrienne a assuré « qu’il n’est pas question pour Damas de discuter avec ses ennemis des détails en lien avec ses relations avec ses alliés ». Rappelant entre autre les propos du numéro un syrien Bachar al-Assad qui avait évoqué le mois dernier « les relations militaires étroites entre la Syrie et l’Iran ».
Toujours selon ce responsable syrien qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat, « le soutien de la Jordanie à la stabilité dans le sud syrien représente avant tout un intérêt jordanien ».
Concernant l’ouverture des postes frontières entre la Syrie et la Jordanie, il a tenu à rappeler que plusieurs pays de la région en sont bénéficiaires en raison de l’importance exceptionnelle que l’autoroute Damas-Amman requiert dans les équilibres économiques d’autant que c’est l’un des parcours transitaires le plus importants sur le plan mondial.
Il a ajoute qu l’ouverture du poste-frontière officiel Nassib, conquis le vendredi 6 juillet dernier par l’armée syrienne, « devrait constituer un sursaut majeur dans le processus politique syrien du fait qu’elle devrait engranger des bénéfices économiques, lesquelles ont de fortes chances d’être multipliées grâce entre autre à l’ouverture des deux autoroutes Alep-Damas et Gaziantep-Alep ».
Hormis le fait que la Turquie occupe des territoires syriens, ce que la Jordanie ne fait pas, l’Etat syrien ne peut être tenu responsable d’aucun changement dans les relations avec ses voisins, dont certains ont imaginé qu’ils étaient capables de renverser l’Etat syrien et de jouer avec sa stabilité et d’aucuns s’y sont réellement empêtrés avant d’essuyer une défaite, estime le responsable syrien.
Avant de conclure pour al-Akhbar: « ils peuvent propager ce qu’ils veulent comme termes destinés à les consoler, mais la vérité que nous connaissons tous et qu’ils connaissent aussi est que la Syrie avance à grand pas vers la victoire contre le projet destiné à renverser son Etat. En même temps, ceux qui l’ont concocté se préparent de leur côté pour faire face à cette vérité ».