Les autorités turques ont quasiment cessé d’enregistrer des nouveaux demandeurs d’asile en provenance de la Syrie voisine, a affirmé lundi l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW).
« Les autorités turques d’Istanbul et de neuf provinces situées à la frontière syrienne ou à proximité ont cessé d’enregistrer les demandeurs d’asile syriens récemment arrivés, sauf dans de rares cas », a indiqué HRW dans un communiqué.
« Cette suspension entraîne des expulsions illégales, des retours forcés en Syrie et le déni du droit à la santé et à l’éducation », a ajouté l’ONG.
La Turquie accueille actuellement près de 3,6 millions de réfugiés syriens, poussés à l’exil par le conflit qui fait rage dans leur pays depuis 2011.
Mais « cette générosité n’exonère pas la Turquie, ni ses partenaires internationaux, du devoir d’aider les demandeurs d’asile nouvellement arrivés », a estimé HRW, qui se base sur des entretiens menés avec des Syriens et des organisations travaillant sur le terrain.
Les autorités turques, interrogées mi-juin par HRW, ont nié la suspension de l’enregistrement des Syriens, a ajouté l’ONG.
« Nous avons toujours accueilli et continuons d’accueillir les Syriens », a déclaré à l’AFP un responsable turc qui a requis l’anonymat, ajoutant que les Syriens présents en Turquie « ont accès à tous les services dont ils ont besoin ».
« Nous ne déportons jamais en Syrie », a-t-il ajouté. Toutefois, « certains Syriens décident de retourner dans les régions libérées par la Turquie » lors de deux opérations militaires menées dans le nord de la Syrie.
« Tout en soutenant la Turquie afin de dissuader les demandeurs d’asile de parvenir en Europe, l’UE détourne le regard des récentes mesures de ce pays visant à bloquer et décourager les gens fuyant la Syrie », a déclaré Gerry Simpson, directeur adjoint du programme Droits des réfugiés à Human Rights Watch, cité par le texte.
« Mais forcer les Syriens qui réussissent à franchir la frontière turque à vivre dans une situation de flou juridique risque de les pousser à passer en clandestinité pour partir vers l’UE », ajoute M. Simpson.
Bruxelles et Ankara ont conclu en 2016 un pacte migratoire prévoyant notamment le renvoi systématique vers la Turquie de tous les migrants cherchant à gagner l’Europe par la Grèce en échange d’une aide financière. Ce pacte a permis de réduire drastiquement les arrivées de migrants en Europe.