Les archives nationales marocaines et le Mémorial de la Shoah à Paris vont travailler ensemble pour aider à reconstituer la mémoire du judaïsme au Maroc, a-t-on appris lundi de source officielle.
Les Archives du Maroc et le Mémorial de la Shoah ont signé lundi à Rabat une convention de coopération, a indiqué l’institution marocaine.
C’est la première fois que le Mémorial, grand centre d’archive en Europe consacré à l’histoire juive durant la Seconde guerre mondiale et à la Shoah, signe une convention dans ce domaine avec un pays musulman, s’est félicité à cette occasion son directeur, Jacques Fredj, cité par l’agence de presse officielle MAP.
L’objectif est de mettre en place « une coopération sur tous les sujets relatifs à l’histoire des juifs et du judaïsme dans les pays d’Afrique du Nord », de « faire connaître l’histoire du judaïsme marocain et de mettre à la disposition du public des sources historiques » sur le sujet, selon un communiqué.
La présence des Juifs est très ancienne au Maroc, plus de 2.000 ans, et a été renforcée par les vagues de réfugiés provenant notamment d’Andalousie au moment de la Reconquista catholique au XVe siècle.
Pendant la seconde guerre mondiale, le sultan Mohammed V s’était opposé aux lois anti-juives du gouvernement de Vichy, refusant de « s’associer » à ces mesures qu’il désapprouvait, et se posant comme leur « protecteur ».
Dans les années 1950, le royaume comptait près de 300.000 citoyens de confession juive. Mais les conflits israélo-arabes successifs, les appels à l’émigration vers Israël et de nombreux départs vers la France et le Canada notamment ont ramené cette présence à moins de 5.000 personnes. Les Juifs marocains demeurent toutefois la principale communauté juive d’Afrique du Nord.
Adoptée en 2011 dans le contexte du Printemps arabe, la nouvelle Constitution du Maroc reconnaît la composante hébraïque comme partie de la culture du royaume. Dans le préambule est inscrit que « l’unité du pays (…) s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen ».
Les archives « relatives à ce pan de notre histoire ont néanmoins connu le même sort que nos compatriotes juifs, un éparpillement à travers le monde », a regretté le directeur des Archives du Maroc, Jamaâ Baida, également cité par la MAP.
Ce patrimoine judéo-marocain a fait « l’objet d’un regain d’intérêt » et c’est pourquoi les Archives marocaines « ont pris contact avec le Mémorial de la Shoah à Paris ».
« Grâce à cette convention il sera enfin possible d’écrire depuis le Maroc l’histoire du judaïsme marocain », s’est félicité de son côté Jean-Marc Berthon, Conseiller de l’action culturelle à l’ambassade de France, y voyant une façon de lutter contre l’antisémitisme et la propagation des idées radicales « qui menacent les sociétés ».
Source: AFP