Le président américain Donald Trump, a réitéré ce jeudi sa volonté de retirer les forces de son pays du sol syrien. Cette décision rendue publique le mercredi 19 décembre par la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, avait pris de court ses alliés avant ses adversaires.
En répétant sa décision, il explique surtout les réelles raisons qui l’animent.
Il faut que les autres se battent
« Quitter la Syrie n’est pas une surprise. Je fais campagne pour ça depuis des années et il y a six mois, alors que j’avais dit très publiquement que je voulais le faire, j’ai accepté de rester plus longtemps, » a-t-il tweeté.
« La Russie, l’Iran, la Syrie et d’autres sont les ennemis locaux de ISIS. Nous faisions leur travail. Il est temps de rentrer à la maison et de reconstruire », a-t-il ajouté jeudi sur Twitter.
« Les Etats-Unis veulent-ils être le gendarme du Moyen-Orient, n’obtenant RIEN d’autre que la perte de vies précieuses et de milliers de milliards de dollars à protéger des gens qui, dans presque tous les cas, n’apprécient pas ce que nous faisons? Voulons-nous être là-bas pour toujours? », a-t-il encore écrit.
« Il est temps que d’autres se battent enfin », a-t-il lancé. « La Russie, l’Iran, la Syrie et beaucoup d’autres ne sont pas contents du départ des Etats-Unis, malgré ce que disent les médias Fake News, parce que maintenant ils vont devoir combattre l’EI et d’autres, qu’ils détestent, sans nous ».
« Je suis en train de construire l’armée la plus puissante au monde, de loin. Si l’EI nous frappe ils sont condamnés! », a-t-il martelé.
Scepticisme et mécontentement
Quant à ses échos, cette décision n’a fait jusqu’à présent que des sceptiques et des mécontents.
En tête des premiers vient le président russe Vladimir Poutine qui a fait constater que cela fait plus de 17 ans que les Américains disent vouloir sortir d’Afghanistan sans le faire.
Pour les seconds, il s’agit surtout des alliés locaux et internationaux des Etats-Unis.
Le mercredi, les Forces démocratiques syriennes, milice à majorité kurde s’était ralliée à la coalition internationale mené par Washington avec pour prétexte de combattre Daech dans le nord et l’est de la Syrie, ont qualifié cette décision de « poignard dans le dos ».
«La décision des États-Unis portera un coup direct aux aspirations d’en finir une fois pour toutes avec Daech, elle aura des conséquences sérieuses et mènera à la stabilité. En outre, cette décision constituera une catastrophe pour les espoirs des peuples de la région en matière de sécurité», indique le service de presse des FDS, ce jeudi, dans un communiqué.
Manifestement et même s’ils ne le disent pas franchement, les kurdes syriens semblent miser sur le soutien américain pour instaurer une zone autonome dans le nord et l’est de la Syrie, comme c’est le cas des kurdes irakiens qui ont instauré leur zone autonome dès la fin de la première guerre du Golfe.
Daech pas encore terminé
Même position de rejet de la décision de Trump de la part des alliés occidentaux de Washington, lesquels semblent eux aussi avoir été pris de court : ils la justifient en arguant que Daech n’a pas encore été achevé.
« Nous ne sommes pas seuls à trouver surprenant le changement abrupt de politique de la partie américaine. L’EI a reculé mais la menace n’est pas terminée », a jugé dans un court communiqué le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas dont le pays participe à la coalition internationale engagée en Syrie.
« La coalition internationale contre Daech (acronyme arabe de l’EI) a fait d’énormes progrès (…) Mais il reste beaucoup à faire et nous ne devons pas perdre de vue la menace qu’ils posent », a pour sa part averti la diplomatie britannique.
« Daech n’est pas rayé de la carte, ni ses racines d’ailleurs, il faut vaincre militairement de manière définitive les dernières poches de cette organisation terroriste », a renchéri la ministre française des Armées Florence Parly.
La France compte rester
Paris semble être décidée pour sa part à rester en Syrie
« La campagne militaire contre Daech continue », a souligné le porte-parole des armées françaises, le colonel Patrik Steiger.
« L’annonce du président américain n’a à ce stade aucune incidence sur la continuation de la participation française à la campagne militaire contre Daech au sein de la coalition », a-t-il noté.
Sa décision prend de court aussi plusieurs membres de son administration qui plaidaient depuis quelques jours pour le maintien d’une présence en Syrie, dont l’émissaire des Etats-Unis pour la coalition internationale antijihadistes Brett McGurk, et le ministre américain de la Défense Jim Mattis.
Nombre d’élus du camp républicain ont vivement regretté son arbitrage soudain dans la direction opposée.
Les pays du Golfe silencieux
Selon l’AFP, un retrait américain – dont le calendrier n’est pas encore connu – laissera les coudées franches sur le terrain aux forces appuyées par la Russie et l’Iran d’un côté et la Turquie de l’autre.
Lors de sa campagne électorale, Donald Trump avait que l’engagement des Etats-Unis au Moyen-Orient coûte des milliards de dollars qui seraient mieux dépensés au profit du contribuable américain, et qu’il faut laisser d’autres acteurs, notamment les pays arabes du Golfe, faire le travail sur place.
Les réactions des dirigeants de ces pays se fontt toujours attendre. Il faut s’attendre à ce qu’elles soient plutôt négatives. Mais elles pourraient aussi intervenir sous la forme d’une proposition d’élever leurs cotisations financières auprès de la coalition et acceptent d’envoyer des militaires ou des mercenaires qu’ils financent.
De quoi faire changer à Trump sa décision.
Source: Divers