L’Iran sort gagnant de l’accord de mercredi à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l’Arabie saoudite ayant dû accepter que son grand rival régional augmente sa production tout en baissant la sienne.
« Victoire pétrolière de l’Iran à l’Opep », « Echec de la diplomatie pétrolière de Ryad », titraient les journaux iraniens après cet accord à l’Opep pour baisser la production du cartel de 1,2 million de barils par jour (mb/j).
Tous les pays du cartel, à l’exception de l’Iran, du Nigeria et de la Libye, doivent baisser leur niveau de production.
L’Iran a même « été autorisé à augmenter sa production de 90.000 barils par jour au cours des six premiers mois de l’année 2017.
Il y a encore neuf mois, des pays de l’Opep voulaient que l’Iran gèle sa production à un niveau de 3,6 mb/j, mais ils ont finalement accepté (…) un niveau de production de 3,9 mb/j », se réjouit le quotidien gouvernemental Iran.
L’Iran et l’Arabie saoudite, qui devra elle baisser sa production de près de 500.000 barils/jour, sont les principaux pays de l’Opep, mais aussi deux rivaux qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis janvier sur fond de différents sur les guerres en Syrie et au Yémen.
Ces dernières années, ils se sont aussi livrés à un bras de fer sur leurs parts de marché, faisant douter de la possibilité d’un accord sur la baisse de la production pour faire remonter les prix.
L’Iran, qui possède les quatrièmes réserves mondiales de pétrole, refusait de geler sa production pour retrouver son niveau d’avant les sanctions, en partie levées en janvier après un accord avec les grandes puissances sur son programme nucléaire.
Téhéran demandait également à l’Arabie saoudite de baisser sa propre production en arguant que le royaume avait profité des sanctions anti-iraniennes pour l’augmenter.
Depuis l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire, Téhéran a progressivement augmenté sa production: 3,76 mb/j en octobre et exportation de 2,8 mb/j de pétrole et de condensat de gaz.
Rohani pointe du doigt les difficultés de Ryad
« L’attitude de l’Arabie saoudite a été guidée par ses problèmes économiques internes. Personne ne voulait coopérer avec l’Iran mais la situation économique du pays ne cessait de se dégrader », a déclaré à l’AFP une source du secteur pétrolier à Ryad.
« La baisse de la production saoudienne est faible par rapport à son niveau actuel très élevé. Si l’accord permet de faire augmenter les prix, ça aidera le royaume », a ajouté cette source sous couvert d’anonymat.
L’Arabie saoudite, premier exportateur mondial, est frappée de plein fouet par la chute des cours à moins de 50 dollars le baril. Très dépendante du pétrole, elle prévoit un déficit budgétaire de 87 milliards de dollars (80 milliards d’euros) cette année.
Selon des chiffres officiels, les réserves saoudiennes sont également tombées à 562 milliards de dollars en août contre 732 milliards à la fin de 2014. Ce qui peut expliquer le fléchissement de Ryad face à Téhéran.
Mais, affirme à l’AFP l’expert koweïtien Kamel al-Harami, « il n’y a pas de perdants (…) chacun a gagné 3 à 4 dollars (par baril) au cours des dernières 24 heures », puisque les cours se sont envolés de 10% après l’annonce de l’accord.
Le président iranien Hassan Rohani a pointé du doigt les difficultés de Ryad.
« Il y a deux ans, un grand complot (pour faire baisser les prix) avait été fomenté pour mettre en difficulté » l’Iran, alors engagé dans de difficiles négociations avec les grandes puissances sur son programme nucléaire, a-t-il déclaré jeudi selon la télévision d’Etat.
Ce « complot » a échoué selon lui, car « l’Arabie saoudite a été obligée d’utiliser l’année dernière 100 milliards de dollars de ses réserves en devises (…) alors que nous avons augmenté nos réserves ».
Avec AFP