Après plusieurs jours d’atermoiements, Donald Trump a choisi la guerre ouverte avec le Congrès: la Maison Blanche a annoncé qu’elle refusait de coopérer à l’enquête en cours en vue d’une éventuelle procédure de destitution.
Argument central de l’exécutif américain: les investigations menées par les élus démocrates de la Chambre des représentants sur l’affaire ukrainienne ne sont ni légitimes, ni impartiales.
« Pour faire simple, vous essayez d’annuler les résultats de l’élection de 2016 et de priver les Américains du président qu’ils ont librement choisi », a résumé Pat Cipollone, avocat de la présidence, dans un courrier envoyé à Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre.
Pelosi réagit
Le refus de l’administration Trump de coopérer avec le Congrès dans l’enquête en vue d’une destitution, est une « tentative illégale de dissimuler les faits », a tonné mardi 8 octobre la cheffe des démocrates au Congrès.
L’annonce de la Maison Blanche est « simplement une autre tentative de cacher les faits sur les efforts éhontés de l’administration Trump de faire pression sur des pouvoirs étrangers afin qu’ils interfèrent dans les élections de 2020 », a dénoncé, dans un communiqué, Nancy Pelosi.
Les démocrates veulent déterminer dans quelle mesure le président américain a fait pression sur son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’un échange téléphonique afin qu’il cherche des informations compromettantes sur son rival Joe Biden. Donald Trump estime lui que cet appel était « parfait ».
Empêcher le Congrès d’avancer dans son enquête pourrait constituer une entrave à la justice, rappellent-ils par ailleurs, soulignant que cela avait été l’un des trois motifs de destitution retenus à l’encontre du président Richard Nixon en 1974, avant sa démission.
Très attendue, la missive de l’avocat a été envoyée au Congrès quelques heures après avoir l’annonce de la décision d’empêcher l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne de témoigner devant les élus.
Tribunal bidon
Venu de Bruxelles pour participer volontairement à l’audition, M. Sondland a été informé au milieu de la nuit par le département d’Etat qu’il ne devait pas s’y présenter.
Trump a justifié cet arbitrage en qualifiant les auditions du Congrès de « tribunal bidon ».
En interdisant à l’ambassadeur Gordon Sondland, un « acteur-clé » dans l’affaire ukrainienne, de témoigner, la Maison Blanche tente encore une fois « de freiner et d’entraver l’enquête », se sont indignés les chefs démocrates des commissions chargées des investigations.
Ils lui ont adressé mardi soir une injonction exigeant qu’il témoigne le 16 octobre et présente des documents que le département d’Etat refuse de livrer.
Un appel « effrayant »
Homme d’affaires ayant fait fortune dans le secteur hôtelier, M. Sondland a contribué à financer la campagne et la cérémonie d’investiture de Donald Trump, dont il est devenu proche.
Il a participé cette année à des échanges de SMS entre diplomates qui sont désormais au coeur de l’affaire ukrainienne.
C’est par un mystérieux lanceur d’alerte que toute l’affaire est remontée jusqu’au Congrès. Membre des services de renseignement, il avait jugé qu’avec cet appel, M. Trump avait « sollicité l’ingérence » de l’Ukraine dans la campagne pour sa réélection.
N’ayant pas assisté à l’appel, il s’est basé sur les témoignages de personnes présentes, dont un responsable de la Maison Blanche « visiblement sous le choc », qui avait décrit un échange « fou » et « effrayant », d’après des extraits des premières notes du lanceur d’alerte, publiées par des médias américains mardi.
Source: Avec AFP