En réaction à des rapports selon lesquels la Turquie auraient utilisé des armes chimiques au nord de la Syrie, le ministre turc de la Défense a déclaré qu’Ankara disposait « d’informations montrant que des groupes terroristes avaient l’intention d’utiliser des armes chimiques et d’en imputer la responsabilité à l’armée turque ».
Certains rapports font état de l’utilisation des armes chimiques dans la province syrienne de Hassaké, au nord-est du pays.
Selon l’agence officielle syrienne SANA, plusieurs personnes évacuées de la région de Ras al-Aïn dans la banlieue nord-ouest de Hassaké et qui souffraient de brûlures graves, sont arrivées à l’hôpital de Hassaké.
Des sources locales ont indiqué qu’il était probable que ces brûlures aient été causées par l’utilisation de substances chimiques lors des attaques.
« Des sources locales ont indiqué que plusieurs personnes brûlées lors des bombardements des forces du régime turc contre la ville de Ras al-Aïn, au nord de Hassaké, étaient arrivées à l’hôpital. Elles supposent que les brûlures sont dues à l’utilisation de substances chimiques par les forces turques », a indiqué SANA.
Des sources proches des Forces démocratiques syriennes (FDS) avaient annoncé que les forces turques avaient utilisé du phosphore, prohibé au niveau international, pour bombarder la ville.
« L’armée turque n’a pas d’armes chimiques dans son arsenal, tout le monde le sait », a déclaré le ministre de la Défense, Hulusi Akar, lors d’une rencontre le mercredi 17 octobre avec le conseiller américain à la Sécurité nationale, Robert O’Brien, à Ankara.
Le 9 octobre, la Turquie a lancé une offensive dans le nord-est de la Syrie contre une milice kurde accusée de terrorisme. Elle se dit plus que jamais déterminée à éloigner de la frontière turque cette milice que la Turquie considère comme « terroriste » en raison de ses liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Cette offensive survient après que les États-Unis ont brusquement retiré leurs forces de la région, laissant ainsi la possibilité à la Turquie de poursuivre une action militaire contre leurs alliés de longue date.
« Crimes de guerre » lors de l’offensive turque en Syrie (Amnesty)
Les forces turques et leurs supplétifs syriens ont commis lors de leur offensive contre les forces kurdes dans le nord
syrien des « crimes de guerre », dont des « exécutions sommaires » et des attaques meurtrières contre des civils, a pour sa part dénoncé, le vendredi 18 octobre, Amnesty International.
« Les forces militaires turques et une coalition de groupes armés soutenue par la Turquie ont fait preuve d’un mépris honteux pour les vies civiles », a fustigé Amnesty international dans un communiqué.
L’ONG de défense des droits humains évoque des « preuves accablantes de crimes de guerre ».
L’organisation se base sur les témoignages de 17 personnes –secouristes, travailleurs médicaux, déplacés, journalistes et humanitaires.
« Les informations recueillies fournissent des preuves accablantes d’attaques sans discriminations contre des zones résidentielles », selon l’ONG.
Amnesty rapporte le témoignage d’un secouriste du Croissant rouge kurde qui dit avoir retiré des corps des décombres après un raid turc le 12 octobre sur le village de Salhiyé près d’une école, où des déplacés avaient trouvé refuge.
« Je ne pouvais pas dire si (les enfants tués étaient) des garçons ou des filles, parce que les corps étaient noirs comme du charbon », raconte le secouriste.
Amnesty revient sur l’exécution sommaire le 12 octobre d’une responsable politique kurde, Hevrin Khalaf, par des rebelles proturcs. « Elle a été traînée hors de sa voiture, battue et abattue par balle de sang froid par les combattants d’Ahrar al-Sharkiya. »
Sources: PressTV + AFP