Le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien Ali Shamkhani a affirmé que l’éminent scientifique Mohsen Fakhrizadeh a été victime d’une opération « complexe » impliquant des moyens « complètement nouveaux », sans exécuteurs sur le lieu de l’attentat.
M. Shamkhani a tenu ces révélations lors du dernier hommage rendu au martyr, avec un protocole digne des plus grands « martyrs » de la République islamique d’Iran.
Dr. Mohsen Fakhrizadeh a été tué vendredi 27 novembre près de Téhéran dans une attaque au véhicule piégé suivie d’une fusillade contre sa voiture, selon le ministère de la Défense.
Dans des interviews à des médias iraniens lundi, l’amiral Shamkhani, a parlé d' »une opération complexe avec un recours à du matériel électronique ».
Selon lui, Mohsen Fakhrizadeh avait été visé maintes fois par le passé, « mais cette fois, l’ennemi a utilisé un style et une méthode complètement nouveaux, professionnels et spécialisés, et a réussi à atteindre l’objectif qu’il poursuivait depuis 20 ans ».
« Les services de renseignements du pays avait prévu l’attentat et sa localisation et avaient en conséquence renforcé le mesures de sécurité mais l’ennemi a utilisé un nouveau style tout à fait différent cette fois-ci », a-t-il précisé.
Selon lui, des éléments de l’organisation terroriste iranienne en exil, les Moudjahidine du Peuple, « ont forcément dû être impliqués ».
« Mais l’élément criminel dans tout cela est le régime sioniste et le Mossad », a-t-il accusé.
L’entité sioniste est soupçonnée d’avoir commandité dans tous les attentats qui ont coûté la vie entre 2010 et 2011 à plusieurs scientifiques iraniens.
« L’opération d’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh était complexe, elle a été réalisée via des moyens électroniques, et il n’y avait aucun exécuteur sur la scène du crime », a-t-il souligné.
Sans citer de sources, l’agence de presse iranienne Fars a affirmé que l’attaque avait été menée à l’aide d’une « mitrailleuse automatique télécommandée » et montée sur un pick-up Nissan.
Citant une « source informée », Press TV, chaîne d’information en anglais de la télévision d’Etat, a rapporté que des armes récupérées sur les lieux de l’assassinat avaient été « fabriquées en Israël ».
Dimanche 29 novembre, le ministère iranien de la Sécurité a assuré avoir mis la main sur les ficelles de ceux qui sont impliqués dans l’attentat, assurant que les détails seront révélés ultérieurement.
Dans son rapport, il a révélé que le martyr était à bord d’une voiture blindée, dans un convoi de trois voitures qui se dirigeaient depuis la ville de Rostamglaï dans la province de Mazandarane vers la région d’Absard à Damawand, à 25 km de Téhéran.
Il est descendu de la voiture
La première voiture devançait le convoi pour une exploration sécuritaire lorsqu’une détonation de tirs de balles percutant la voiture a été entendue. Le scientifique Fakhrizadeh est alors descendu de la voiture, croyant que la détonation est due à un accident, à un obstacle ou à une panne du moteur.
C’est à ce moment que les tirs de feu ont été déclenchés à partir d’une mitrailleuse automatique commandée à distance qui était fixée sur une camionnette de type Nissan garée à 150 mètres de celle du martyr.
Deux balles l’ont blessé sur son côté, et une troisième sur le dos, lui rompant la colonne verticale.
Son garde du corps, qui s’est jeté sur lui, couvrant son corps, a lui essuyé plusieurs balles mortelles.
La mitrailleuse automatique et la camionnette ont alors été arrêtées à distance.
L’opération s’est déroulée en trois minutes seulement, a précisé Fars News, indiquant qu’il n’y avait aucun acteur humain sur la scène du crime.
Il était inconnu
« Si nos ennemis n’avaient pas commis ce crime ignoble et versé le sang de notre cher martyr, il aurait pu rester inconnu », a déclaré le ministre de la Défense Amir Hatami, incapable de contenir ses larmes au côté de la dépouille du physicien, lors de la cérémonie d’obsèques au ministère de la Défense à Téhéran. Mais aujourd’hui il « est révélé au monde entier ».
La dépouille a été honorée samedi et dimanche à Machhad et Qom, deux lieux saints chiites, comme l’avait été en janvier celle du général iranien Qassem Soleimani, éliminé par Washington en Irak.
Le portrait du général « martyr » était placé près du cercueil à côté de celui du scientifique.
Ce dernier a accompli un « travail considérable » dans le domaine de « la défense antiatomique » et le gouvernement a « doublé le budget de Sépand », a dit le général Hatami, niant que Mohsen Fakhrizadeh ait participé à un quelconque programme nucléaire militaire.
La prière mortuaire a été dirigée par Ziaoddine Aqajanpour, représentant du guide suprême l’imam Ali Khamenei.
« Nous ferons preuve de patience (…) mais notre nation exige d’une seule voix un châtiment décisif » contre les responsables de l’assassinat, a-t-il lancé.
Le cercueil du scientifique a ensuite été porté en terre à l’Imamzadeh-Saleh, sanctuaire à Téhéran où reposent deux autres scientifiques assassinés en 2010 et 2011, des meurtres également attribués à Israël.
Source: Divers