Nouvelle décision unilatérale du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé accusé d’être en tête de ceux qui ont causé la pire crise économique et financière que connait le Liban: il a levé le mercredi 11 août les subventions sur les hydrocarbures. Cette démarche devrait provoquer une importante flambée non seulement des prix de l’essence et du mazoute mais aussi celui de toutes les marchandises et tous les services au pays du cèdre.
Soutenu par les Etats-Unis, ce dernier a pris cette décision sans en consulter au préalable ni le président libanais Michel Aoun, ni le Premier ministre par interim Hassane Diab. En fonction de cette décision, il est prévoir que les prix soient multipliés par quatre. Celui de 20 litres d’essence devrait passer de près de 75 mille livres libanaises à plus de 330.000.
Dans un communiqué publié jeudi matin, la BDL a défendu sa décision de lever les subventions, estimant qu' »il est temps de passer des subventions des matières qui profitent aux commerçants et aux accapareurs, au soutien direct aux citoyens ».
Auparavant, Salamé s’était plaint d’une pénurie de liquidités alors qu’il est accusé d’avoir l’an dernier laissé fuir plus de 10 milliards de dollars vers l’étranger. Il a bloqué les comptes bancaires en dollars des libanais qui ne peuvent plus retirer leur argent à leur guise et sauf en livres libanaises.
Diab a qualifié d’illégale la décision de Salamé et a également convoqué à une réunion urgente cet après-midi pour trancher sur la question. Il a rappelé à la banque centrale que la levée des subventions devait se faire graduellement en attendant la mise en place de la carte d’approvisionnement pour les Libanais les plus démunis, un mécanisme qui n’a toujours pas été finalisé.
Appels à la mobilisation
Le chef de l’Etat a convoqué ce jeudi 12 août le chef de la BDL et lui a demandé d’en revenir au pouvoir exécutif dans chaque décision qu’il voudrait prendre .
Réagissant à cette décision, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, l’a qualifiée d’explosive appelant les gens à se préparer à la mobilisation.
“Lorsque la carte d’approvisionnement est devenue quasi prête et le gouvernement près d’être formé, le gouverneur a pris une décision explosive, avec le soutien de ceux qui ne veulent pas de gouvernement. Salamé est le gouverneur de la banque centrale mais pas le gouverneur du pays pour se permettre seul de lever subitement les subventions ! Le président de la République et le Premier ministre ainsi que la population doivent empêcher le complot. Il s’agit d’un crime qualifié et ses auteurs doivent être arrêtés », a estimé M. Bassil dans un tweet publié dans la nuit de mercredi à jeudi.
« La Banque du Liban est un organisme public indépendant qui dépend toutefois du gouvernement et de ses décisions. Le gouvernement a décidé de lever les subventions de manière graduelle et une loi a été votée pour la mise en place d’une carte d’approvisionnement dont le mécanisme a commencé à être mis en place. La décision unilatérale du gouverneur de lever complètement les subventions est contraire à la décision du gouvernement et à la loi votée par le Parlement. Il s’agit d’un nouveau putsch. J’appelle le CPL et les gens à se préparer à la mobilisation », a conclu M. Bassil, dans un nouveau tweet ce matin.
Peu avant 11h, le chef du CPL a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a réitéré ses critiques à l’encontre de Riad Salamé. « Le génocide à l’encontre de la population doit cesser! », a martelé M. Bassil. Selon lui, la décision du gouverneur « fait exploser le pays et est mortelle ». « Aujourd’hui, le président Aoun doit taper du poing sur la table », a-t-il enfin conclu.
Depuis l’annonce de cette décision, les gens sont descendus dans les rues dans plusieurs régions libanaises et ont bloqué les axes routiers avec des pneus brûlés.
Sources: Al-Manar; OLJ
Source: Divers