Hier soir, Zelensky a annoncé l’arrestation de l’opposant ukrainien numéro Un, Medvedchuk, qui s’était sauvé de sa mise en résidence surveillée et a été repris.
En fait, non, il n’a pas « annoncé », il a publié une photo de cet homme dans un état pitoyable sur son Telegram et signant « Vive l’Ukraine ». Il ne s’est pas conduit comme un président, mais comme un blogueur. Maintenant, il propose à la Russie de l’échanger, un citoyen ukrainien, contre des prisonniers également ukrainiens en Russie. Nous apprécierons le silence de la communauté internationale, trop occupée à créer le « génocide de Boutcha », effectivement, cela demande des efforts. En effet, si l’on en croit la presse française, c’est tout à fait normal, puisque cet Ukrainien est un « proche de Poutine », pas un opposant, pas le principal opposant à Zelensky, non, un proche de Poutine.
Hier soir, l’arrestation de Medvedchuk est tombée. Il avait été interpellé pour haute trahison, devait rester à domicile, s’était sauvé et a été pris, alors qu’il tentait de sortir d’Ukraine. Selon Zelensky, bien sûr, qui est le plus grand blogueur du pays. Lors de la diffusion de la première photo de Medvedchuk, Peskov a déclaré qu’il fallait faire attention, qu’il s’agissait peut-être d’un fake. Du coup, le SBU a publié une deuxième photo :
Manifestement, Medvedchuk a fait l’objet de mauvais traitements et pendant longtemps. Il serait surprenant qu’il ait été arrêté hier, comme dans la légende présentée par Zelensky.
Certes, il s’agit d’une mise en scène, inhumaine, mais étant ukrainien, il a évité les tortures infligées aux militaires russes. Toutefois, le silence de la bonne conscience internationale est assourdissant. Medvedchuk est présenté comme un « proche de Poutine », aucun mot sur son opposition politique à Zelensky. C’est beaucoup plus confortable. Cela permet de ne pas parler de son visage … Cela permet de légitimer.
Un pays interpelle un opposant … et silence. Un régime inflige des traitements violents à un prisonnier politique … et silence. Un président diffuse sur les réseaux sociaux une photo dégradante d’un prisonnier politique, se vante et marchande son échange avec un pays contre lequel, formellement, il est en guerre … et silence.
Medvedchuk est effectivement un proche de Poutine, comme Koudrine par exemple ou Ksénia Sobtchak, mais il est Ukrainien, n’est pas particulièrement pro-russe, ni ne se bat pas pour la Russie. Depuis quand met-on aux enchères ses opposants ? L’on peut échanger des prisonniers de guerre, mais Medvedchuk est un prisonnier politique, et un ressortissant ukrainien – c’est un problème intérieur. Ce serait plutôt à ces gendarmes français, sur place actuellement, en train d’enquêter sur les crimes de guerre en Ukraine, de se pencher sur la question des prisonniers politiques, des répressions contre l’opposition politique, des mauvais traitements infligés aux prisonniers en Ukraine. Non, cela ne les intéresse pas ? Pas plus que la si démocrate et libérale communauté internationale ?
Quelle surprise, vraiment, je suis extrêmement surprise de cette désertion morale de nos dirigeants …
Par Karine Bechet-Golovko
Source : Russie Politics