La police de l’occupation israélienne a attaqué à l’improviste un site de pèlerinage chrétien appartenant à la France dans la ville sainte d’al-Qods occupée, pendant que le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot voulait y entrer.
Accusant la police israélienne d’être entrée « armée » et « sans autorisation », M. Barrot a dénoncé une « situation inacceptable » et refusé de pénétrer dans l’Eléona, au sein duquel se trouve un monastère bénédictin.
Construit sur la grotte dite du Pater, où « le Christ aurait enseigné le Pater à ses disciples », précise l’AFP, l’Eléona, fait partie des quatre domaines nationaux français près de Jérusalem, avec le Tombeau des rois, la Basilique Sainte-Anne et l’ancienne commanderie croisée d’Abou Gosh avec leurs églises romanes.
« Le domaine de l’Eléona (…) est un domaine qui non seulement appartient à la France depuis plus de 150 ans, mais dont la France assure la sécurité, l’entretien et avec énormément de soins », a affirmé le ministre français.
« L’intégrité des quatre domaines dont la France a la responsabilité ici à Jérusalem doit être respectée », a-t-il insisté.
« Cette atteinte à l’intégrité d’un domaine placé sous la responsabilité de la France est de nature à fragiliser les liens que j’étais pourtant venu cultiver avec Israël, dans un moment où nous avons tous besoin de faire progresser la région sur le chemin de la paix », a-t-il souligné.
Lors d’échanges virulents, des policiers israéliens ont entouré deux gendarmes français, en empoignant l’un d’eux de force et en le mettant au sol avant de l’embarquer dans une voiture de police. Ils ont été relâchés.
Il n’a pas été précisé pourquoi les policiers israéliens étaient entrés sur le site, constate l’AFP.
Or, cet incident n’est pas le premier du genre, en présence de dirigeants français.
Le 22 janvier 2020, la visite du président français Emmanuel Macron avait également été marquée par une bousculade devant la basilique Sainte-Anne. C’est aussi devant cette basilique que le président Jacques Chirac avait été bousculée en 1996 par des soldats israéliens.
Mont des Oliviers pour les chrétiens et les juifs
A noter que l’Eléona est situé sur le mont des Oliviers, lieu récurrent de la prédication de Jésus rapportée par le Nouveau Testament et le lieu de l’Ascension.
La colline qui est couverte de nombreux monuments chrétiens renferme aussi le plus grand cimetière juif du monde. Selon la tradition juive, le Mashia’h (Messie), qui amènera la résurrection des morts, passera en premier lieu par le mont des Oliviers avant d’entrer dans Jérusalem.
Ces dernières années, la doctrine messianique s’est amplement répandue dans la société israélienne, avec la montée de courants juifs extrémistes ultra-orthodoxes. Ces derniers ne cachent pas leur aversion pour les églises et considèrent le christianisme comme étant une religion païenne. Une tendance qui contredit les déclarations du Premier ministre israélien Netanyahu qui s’est érigé en défenseur de la civilisation judéo chrétienne dans ses interventions devant les tribunes occidentales.
« Il faut brûler les églises », avait lancé l’activiste extrémiste en 2015 Ben-Zion Gopstein qui a fondé l’organisation Lehava. Cette dernière qui s’est également distinguée pour son apologie de la haine et de la violence contre les Palestiniens et les demandeurs d’asile africains a été sanctionnée en 2024 par l’UE et les USA.
La même année, une cellule terroriste juive de 5 personnes avait incendié l’église de la Multiplication des Pains et des Poissons au bord de la Tibériade après avoir écrit sur son mur : « Vous démolirez les idoles ». Elle a été restaurée mais les auteurs de l’attaque n’ont pas été arrêtés.
Selon le site israélien Walla, cette cellule fondée en 2013 œuvre pour accélérer le Salut en s’attaquant aux chrétiens.
En 2023, des jeunes ont attaqué et saccagé l’église du Mont de Sion à Jérusalem, en insultant les fidèles leur disant que le Mont de Sion appartient aux juifs.
Un autre phénomène s’est aussi répandu ces dernières années, celui de cracher sur les religieux et pèlerins chrétiens portant la croix, y compris sur les adeptes du sionisme chrétien.
Certains juifs religieux crachent trois fois chaque fois qu’ils voient une croix et récitent le verset 26 du septième chapitre du livre du Deutéronome, l’un des cinq livres de Moïse dans le Tanakh ou la Sainte Bible : « Et tu n’introduiras pas d’abomination dans ta maison, de peur que tu ne sois maudit comme elle. Tu la détestes et tu la hais parce que c’est interdit », faisant référence à la croix.
En décembre 2013, la chaine 2 israélienne avait révélé dans un reportage que 550 curés et prêtres à Jérusalem ont été victimes de crachats et d’insultes.
Selon le journaliste du Haaretz, Nir Hassoun, ce vieux rite, ashkénaze à l’origine, a été adopté dans certains milieux religieux juifs modernes.
Hassoun rapporte les propos du Dr. Karma Ben Yohanan, du Département des sciences religieuses de l’Université hébraïque, selon lequel les tendances vers le christianisme ont connu un changement négatif dans la seconde moitié du XXe siècle, avec l’adoption la définition du Rambam Moses ben Maimon qui considérait le christianisme comme un « acte étrange ». Ben Yohana estime que cette définition s’aligne bien avec le « nationalisme hardali-kahaniste », qui met l’accent sur la nécessité d’anéantir le christianisme dans le pays.
Ce sont ces tendances qui ont motivé, des groupes juifs organisés qui mènent des opérations de vengeance appelées « Couronne pacifique » ou « Paiement du prix », et ciblent même les monastères et écrivent des citations racistes à leur sujet, telles que « Les chrétiens sont des singes » et « Mort aux chrétiens », comme le révèlent des caméras de surveillance.
Certains se faufilent dans les cimetières de la communauté évangélique, détruisant les pierres tombales, les profanant et écrivant des phrases offensantes. Ils ne sont généralement pas arrêtés sur fond d’accusations de complicité de la part de la police israélienne.
Selon le site Arab48, ces agressions sont tolérées par les autorités israéliennes. Ce qui explique leur récurrence. L’an dernier, le ministre de la Sécurité interne Itamar ben Gvir les a légitimées ouvertement en disant qu’elles ne constituent pas une infraction pénale et ne nécessitent pas l’arrestation de leur auteur.
Source: Divers