Le guide suprême de la Révolution islamique en Iran, l’Ayatollah Sayed Ali Khamenei, a dénoncé le samedi 8 mars une politique d' »intimidation » des Etats-Unis, après que le président américain Donald Trump a menacé de s’en prendre « militairement » à l’Iran si le pays ne négocie pas son programme nucléaire.
« Certains gouvernements insistent par l’intimidation pour obtenir des négociations », a déclaré l’Ayatollah Khamenei, sans toutefois mentionner le nom de Donald Trump.
« Pour eux, les négociations ne servent pas à résoudre les problèmes, mais à dominer et ils veulent imposer leur volonté à l’autre partie par le biais des négociations », a ajouté le numéro un iranien, lors d’un discours devant des responsables à l’occasion du mois béni de Ramadan.
L’Ayatollah Khamenei, qui a le dernier mot en Iran sur toutes les décisions stratégiques, avait exhorté début février le gouvernement du président Pezeshkian à « ne pas négocier » avec Washington, affirmant qu’une telle démarche serait « imprudente ». Il avait alors justifié sa position par « l’expérience », d’accords passés avec des dirigeants américains mais non tenus.
Promesses non tenues
Donald Trump s’est retiré unilatéralement en 2018 d’un accord international sur le nucléaire que son pays avait pourtant conclu trois ans plus tôt avec l’Iran. Le texte prévoyait la levée de certaines sanctions contre Téhéran en échange d’un encadrement des activités nucléaires iraniennes. La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et la Russie sont liés à cet accord, aujourd’hui moribond.
En représailles au retrait américain, l’Iran s’est progressivement détaché de ses engagements et accéléré ses activités nucléaires. Téhéran défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie, mais réfute vouloir se doter de l’arme nucléaire.
« Trois pays européens déclarent dans des communiqués que l’Iran ne respecte pas ses engagements », a relevé samedi Ali Khamenei. « Quelqu’un devrait leur demander s’ils ont respecté leurs engagements », a poursuivi le dirigeant iranien.
« Quand l’Amérique a quitté l’accord, vous aviez promis » de maintenir l’accord en vigueur « mais vous n’avez pas respecté votre promesse », a renchéri l’Ayatollah Khamenei.
Araghchi dément les prétentions de Trump
Vendredi dans un entretien accordé à l’AFP, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a déclaré que l’Iran ne reprendrait pas de négociations avec Washington tant que le président Trump resterait sur une position dure. Mais il a toutefois dit discuter du nucléaire avec la Russie, la Chine et les Européens, parties de l’accord de 2015.
Et puis au lendemain de l’annonce par le président américain de l’envoi d’une « lettre », le chef de la diplomatie iranienne a affirmé que son pays « n’a encore rien reçu » de Donald Trump en vue de négociations sur le nucléaire iranien.
« Nous en avons entendu parler mais nous n’avons encore rien reçu », a répondu Abbas Araghchi interrogé par un journaliste de la télévision d’Etat, en marge d’une réception du guide suprême, l’ayatollah Sayed Ali Khamenei.
Les doubles standards de l’Occident sont une véritable honte
Ailleurs dans le discours de l’Ayatollah Khamenei, il a déclaré que l’Iran ne pouvait pas se conformer aux principes de la civilisation matérielle de l’Occident, que ce soit dans le domaine politique, économique ou autre.
Si les civilisations occidentales et orientales présentent des avantages que nous devrions certainement mettre à profit, il est toutefois essentiel de ne pas nous baser sur les principes de ces civilisations, lesquels sont erronés et vont à l’encontre des enseignements de l’Islam », a déclaré Sayed Khamenei.
Et d’ajouter que les doubles standards de l’Occident sont une véritable honte pour la civilisation occidentale.
À ce propos, il a abordé les allégations des pays occidentaux quant à la liberté de la presse dont ces pays se prévalent pour dire : « L’information circule-t-elle librement en Occident aujourd’hui ? Pouvez-vous citer les noms de Hadj Qassem [Soleimani], de Sayed Hassan Nasrallah et du martyr [Ismaïl] Haniyeh sur les réseaux sociaux appartenant à l’Occident ? ».