Face à une ligne éditoriale de plus en plus alignée sur les intérêts israéliens, un journaliste quitte l’hebdomadaire français Marianne en activant sa clause de conscience.
« J’ai fait valoir ma clause de conscience, estimant que la poursuite de mon métier dans ce journal-là portait atteinte à mon honneur et à mes intérêts moraux », écrit Quentin Müller, journaliste indépendant spécialiste du Yémen et de la péninsule arabique.
Il explique les raisons dans une lettre sur X.
« Il m’a été reproché, devant témoins, un « tropisme anti-israélien », de trop couvrir la campagne israélienne au Moyen-Orient dans mes sujets. Il m’a été dit qu’il faudrait, à l’avenir, intégrer deux impondérables : « Israël est une démocratie et il n’y a pas de génocide à Gaza ».
Le journaliste tente alors de rappeler quelques faits : « Les anciens Arabes de 48 n’ont pas les mêmes droits que les citoyens juifs. Plus de 150 000 hectares ont été confisqués au profit d’agglomérations juives ».
Et de citer des sources crédibles : la Cour internationale de justice évoque un risque plausible de génocide, la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre Netanyahou et son ministre de la Défense.
Autre reproche fait à Müller : ses publications sur le réseau X. Il a dénoncé publiquement l’arrestation de son confrère Sylvain Mercadier, pigiste, capturé par l’armée israélienne alors qu’il couvrait les destructions hors du Golan. « Il a été battu, menotté, les yeux bandés, insulté et interrogé », écrit-il.
« Je m’en émouvais sur X, interrogeant les limites d’un État qui se dit démocratique mais qui entrave la liberté d’informer et arrête, intimide, sinon violente des journalistes ».
« Je continuerai de me battre, où que je sois, pour la liberté d’informer et l’indépendance de la profession », conclut Müller. « Je continuerai à faire du terrain et aller là où l’information manque. C’est le cœur de mon métier ».
Avec Média 4-4-2