Pour la première fois depuis l’éclatement de la guerre contre la bande de Gaza au cours de laquelle Israël a tué plus de 59 mille palestiniens, détruit presqu’entièrement l’enclave et affame les survivants, des Israéliens ont manifesté pour dénoncer la famine orchestrée par le gouvernement Netanyahu.
Pour la première fois, ce sont les portraits d’enfants palestiniens meurtris par la faim qui sont brandis par des manifestants israéliens. Dans les précédents rassemblements organisés tous les samedis soirs, les manifestants israéliens brandissaient les portraits des captifs israéliens réclamant un accord pour obtenir leur libération. Ou parfois des banderoles exigeant la fin de la guerre qui perdure depuis plus de 21 mois.
Mardi, les médias internationaux rapportaient que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en 72 heures, selon un hôpital gazaouie. Et des photos poignantes des victimes les submergeaient ainsi que les réseaux sociaux dans le monde entier.
Le chiffre des manifestants qui se sont rendus mardi 22 juillet vers le siège du ministère israélien de la Défense à Tel Aviv n’est pas précisé. Les médias israéliens s’étant abstenus dans leur ensemble de couvrir cet évènement inédit.
« Nous sommes tous responsables, c’est fait en notre nom », peut-on lire sur la plupart des pancartes tenues par les manifestants.
« La famine est un crime de guerre », proclame la pancarte tenue par une manifestante, qui brandit un sac de farine pour protester contre le quasi blocus alimentaire imposé à Gaza par Israël.
De nombreux militants israéliens marchaient avec des sacs de farine qui sont devenues une denrée rare avec le blocus imposé par Israël ou dont le prix est devenu exorbitant même pour ceux qui ont un peu d’argent.
« Nous sommes contre la politique de famine », peut-ont lire sur un grand nombre de pancartes noires.
D’autres manifestants portaient les portraits des enfants palestiniens qui ont succombé à la faim, avec leur nom.
Une femme israélienne portait une pancarte adressée au public israélien qui a été d’une indifférence sordide face aux massacres commis par leur gouvernement depuis 21 mois contre les Gazaouis. « Résistez à la perte de votre compassion ».
Pour le moment, ces manifestations n’ont aucune chance de faire plier le gouvernement de coalition d’extrême-droite qui a fait la sourde oreille à tous les appels lancés dans les manifestations réclamant la libération des captifs israéliens et un accord. « Sacrifiant des Israéliens pour des fins politiques » n’ont cessé de lui reprocher les manifestants israéliens.
Forts du soutien américain inébranlable et des appels lancés officieusement par les alliés européens, pour cesser la guerre et la famine forcée, sans jamais passer aux sanctions, le gouvernement israélien ne cache plus son plan destiné à expulser tous les Palestiniens de la bande de Gaza et à annexer la Cisjordanie. Une réunion a été tenue mardi pour discuter de la réoccupation de la première et un vote devrait être effectué à la Knesset ce mercredi pour finaliser l’annexion de la seconde.
« Il n’y a pas de famine »
Pour les médias israéliens, alors que le patron de l’ONU Antonio Guterres assure que « la famine frappe à toutes les portes » à Gaza, le gouvernement israélien persiste à arguer qu’il n’y a pas de famine. « Nous n’avons pas identifié de famine à ce stade, mais nous comprenons qu’une action est nécessaire pour stabiliser la situation humanitaire », a dit un haut responsable israélien de la sécurité non identifié, cité par le quotidien Times of Israel.
L’armée israélienne quant à elle nie bloquer les aides. Elle a affirmé mardi que 950 camions transportant de l’aide se trouvaient à Gaza et attendaient que les agences internationales les collectent et distribuent.
100 ONG avertissent de la propagation de la famine
Mais les ONG, elles, dénoncent de nombreuses restrictions israéliennes.
« Juste à l’extérieur de Gaza, dans des entrepôts, et même à l’intérieur, des tonnes de nourriture, d’eau potable, de fournitures médicales, de matériel d’hébergement et de carburant restent inutilisées, les organisations humanitaires étant empêchées d’y accéder ou de les livrer », indiquent dans un communiqué des ONG parmi lesquelles Médecins sans frontières, Médecins du monde, Caritas, Amnesty international ou encore Oxfam international.
Plus de 100 ONG ont mis en garde mercredi contre la propagation d’une « famine de masse ».
« Alors qu’une famine de masse se propage à Gaza, nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent », en appelant à un cessez-le-feu immédiat et à l’ouverture des passages pour l’aide humanitaire.
« Deux Israël »
Il semble que des Israéliens soient de plus en plus embarrassés si ce n’est horrifiés par les horreurs commises en leur nom. D’autant que l’opinion publique mondiale est en ébullition. Mais il a été rare qu’ils s’expriment.
« Il y a deux Israël dans une atmosphère de guerre civile latente », a averti l’historien et diplomate Elie Barnavi ancien ambassadeur d’Israël en France et selon lequel l’entité sioniste « n’a jamais mené une guerre pareille ».
« Ça va se terminer dans une explosion de violence … les deux Israël existent bel et bien, ça n’a rien d’un slogan. Ce sont deux peuples qui n’ont rien en commun. Qui ne parlent plus le même langage », a-t-il estimé pour le micro du média français France Inter.
« Il faut bien se rendre compte qu’entre les Smotrich et Ben Gvir d’un côté et moi de l’autre, il n’y a absolument rien de commun », a-t-il insisté.
Entretemps, ce sont ceux deux hommes qui occupent le devant de la scène, le premier suit le dossier de la recolonisation de la bande de Gaza et le second celui de la Cisjordanie. Ben Gvir avait armé les colons dès la formation du gouvernement de coalition fin 2022, leur pavant la voie pour lancer une campagne de persécution contre les Palestiniens.
« Un nettoyage ethnique »
Pendant plus de deux ans, l’ex-Premier ministre israélien Ehud Olmert qui a été le seul homme politique à critiquer le gouvernement sans toutefois l’accuser de crimes de guerre ou de génocide, est désormais persuadé « qu’un nettoyage ethnique » est en cours.
Après l’annonce faite par le ministre de la Défense Israël Katz de construire ce qu’il a qualifié être « une ville humanitaire » sur les ruines de Rafah, pour y déplacer tous les Gazaouis, il a directement expliqué : « L’interprétation inévitable de cette stratégie c’est que ce n’est pas pour sauver les Palestiniens. C’est pour les déporter, les repousser et les jeter », a-t-il dit pour The Guardian. Une explication qui contredit les allégations israéliennes officielles mensongères!
Nombreux parmi les Israéliens pourraient croire que le fait de se débarrasser des Palestiniens de part et d’autre est la clé de solution de leurs problèmes, même au prix d’un transfert sanguinaire. C’est ainsi que Netanyahu va surement véhiculer son génocide contre les Palestiniens. Combien d’Israéliens vont-ils refuser de le porter sur leur conscience. Entretemps, meurtris, affamés, massacrés, les Palestiniens n’ont pas quitté leur terre.
Source: Divers