Le groupe terroriste wahhabite Daech a projeté de faire sauter un bâtiment au centre-ville de Beyrouth. L’objectif en est d’assassiner des personnalités sécuritaires et politiques dont l’ex-Premier ministre Nagib Mikati et l’ancien ministre de l’éducation Elias Abou Saab.
Pour cette fin, l’un de ses miliciens a recruté son frère, employé dans la société Solidere pour commettre un attentat suicide !
Il s’agit des deux frères Mostapha et Hamzea el-Safadi. L’employé de la société Solidere était responsable du contrôle des caméras de surveillance et de la maintenance des générateurs électriques au centre-ville. Alors que le deuxième est un combattant dans les rangs de la brigade verte, qui a prêté allégeance à « l’Etat islamique » à Raqqa. La plupart des éléments de ladite brigade sont des kamikazes et des agents sécuritaires.
Toutes ces informations ont été données par le juge d’instruction militaire Riyad Abou Ghayda dans son chef d’accusation publié lundi.
Les cibles de cet attentat avorté étaient la destruction d’un bâtiment au centre-ville dans le but de liquider des hommes d’affaires, des politiciens et des officiers. Mostapha a commencé à tisser des liens avec Daech via son frère mais aussi via le jeu connu sur l’application de messagerie Telegram « Boom Beach ».
A travers ce jeu, Mostapha el-Safadi a fait connaissance avec Abou Malek le Tunisien, cheikh al-Athari, et Abou el-Baraa.
Ensuite, il a commencé à communiquer avec son frère et ces dirigeants de Daech sur l’application Whatsapp.
Dans l’une des conversations entre Hamza et Mostapha, ce dernier a dit : « je vais détruire le bâtiment et ceux qui s’y trouvent dans une opération martyre. Bon Dieu je quitterai ce monde d’un clic de touche».
Ce dernier a ensuite démenti ses aveux, alléguant qu’ils ont été extorqués sous la torture. Pourtant, ses propos étaient identiques à ses conversations sur Whatsapp.
« Je vais détruire le bâtiment sur ses habitants… tu verras demain », avait dit Mostapha en parlant du bâtiment « la Terrasse de Beyrouth » où réside l’ancien Premier ministre Nagib Mikati et l’ancien ministre d’éducation Elias Abou Saab.
Dans cette conversation, Hamza demandait à son frère de prier pour lui pour tomber en martyre, alors que Mostapha l’implorait de le transporter à « la terre du Califat ».
Après son arrestation par le département de la Sureté générale, Mostapha el-Safadi a reconnu avoir été chargé par Daech de recueillir des informations sur les convois sécuritaires de personnalités politiques empruntant les rues du centre-ville, et des informations sur les noms de ministres et de députés vivant dans cette zone.
Dans une autre conversation, il rapportait à son frère les noms du « fils de Hekmat Chahabi, le richissime homme d’affaire Hazem el-Qorah, le fils de l’ancien chef du Parlement Hussein el-Husseini, un lieutenant de la sécurité nationale syrienne de la famille Tajeddine, des personnes de la famille al-Atassi…». »De gens pareils doivent être incendiés », lui avait-il signifié.
Revenant aux débuts de son recrutement, el-Safadi raconte que son frère lui a demandé de regagner les territoires syriens pour vivre dans les régions gouvernées par Daech. Il lui a promis « un domicile, une femme pieuse, et beaucoup d’argent».
Pour ce faire, on lui demanda d’entrer en contact avec le Palestinien Mohammad Abdel Rahim, résidant à Siroub à Saïda, pour l’aider à aller en Syrie. Il a rencontré ce dernier maintes fois, et a dit « soutenir tous les deux les actes de l’Etat islamique qui égorge les apostats et les infidèles, et qui commet des attentats martyrs ».
Abdel Rahim a ensuite réclamé une liste des noms des ministres et des députés vivant dans le centre-ville, et des renseignements sur leurs convois sécuritaires.
« Les Loups solitaires »
El-Safadi rapporte que son frère lui a demandé de lire le livre en ligne, intitulé « les loups solitaires » qui comprend un appel au meurtre contre les « ennemis de l’Etat islamique » par tous les moyens possibles (tir de feu, explosion, recours aux armes blanches, aux voitures-béliers, et à l’empoisonnement).
Ce même Mostapha a enregistré par sa voix des chants pro-Daech, et a révélé avoir appris à confectionner des bombes en utilisant des matières disponibles partout (engrais, café, charbon, huile de moteur de voitures…).
Il a également dévoilé que son frère Hamza l’a convaincu de commettre un attentat suicide contre une position de l’armée ou une husseiniyat (endroit ressemblant à une mosquée pour rendre hommage aux morts ou pour célébrer des fêtes religieuses chez les chiites).
Un partenaire de Saïda
Quant à son partenaire Abdel Rahim, il a reconnu être convaincu de l’idée du « jihad sur le sentier de Dieu contre les régimes apostats » après la mort de son oncle maternel Saleh Chayeb en Irak.
Et de souligner avoir communiqué avec son ami Hamza Safadi, qui a rejoint les rangs de Daech avec le soutien de Ziyad Abou Naaj (le gendre de Mahmoud Abdel Rahim, figure connue dans le camp Aïn el-Helwé). Il a ensuite communiqué avec le Palestinien Bahaa-eddine Houjeir, coordinateur de l’attentat contre l’ambassade iranienne avec le kamikaze Mouïn Abou Dahr.
Le juge d’instruction militaire a réclamé des sanctions arrivant à la peine de mort contre les deux détenus.
Traduit du site al-Akhbar
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