Une augmentation de 700% des frais de visas annoncée par l’Arabie saoudite pourrait freiner l’investissement étranger, pourtant recherché pour diversifier l’économie du royaume en crise à cause du pétrole, selon des diplomates et des experts.
Un important homme d’affaires saoudien minimise toutefois ces inquiétudes, affirmant que les grands partenaires de l’Arabie sont suffisamment riches pour s’adapter aux nouveaux tarifs.
Un diplomate basé à Ryad qualifie la politique de visas, qui est entrée en vigueur ce mois-ci, « d’incroyablement à court-terme ».
Les Saoudiens « souffrent » du fait de la baisse des revenus pétroliers (-68% ces cinq dernières années) et cherchent « autant que possible » à en « faire payer le prix aux étrangers ».
Selon cette source qui a requis l’anonymat, « cela finira par leur coûter beaucoup plus cher que ce qu’ils gagneront avec les revenus des nouveaux visas » et des contraventions qui ont aussi augmenté.
Un autre diplomate abonde dans ce sens: « des hommes d’affaires ne vont plus considérer l’Arabie comme un marché ».
Depuis octobre, un visa d’affaires ou de travail d’une durée de six mois avec entrées multiples coûte 3.000 riyals (730 euros), contre 400 riyals (97 euros) précédemment, dit Ala Siyam, directeur de Gulf Consulting House.
Cette entreprise, basée à Khobar (est), aide des clients de plus de 40 pays à obtenir des visas.
Siyam explique à l’AFP que les changements ne s’appliquent pas à l’Union européenne ou aux Etats-Unis et que les tarifs pour les Britanniques ont légèrement augmenté.
La plupart des autres pays sont concernés par l’augmentation, mais peuvent également opter pour des visas d’un ou deux ans, qui coûtent 5.000 riyals (1.215 euros) et 8.000 riyals (1.945 euros) chacun.
Les visas d’affaires pour une simple entrée coûtent maintenant 2.000 riyals (486 euros), bien plus qu’avant.
« Fous »
Une source de l’industrie pétrolière qualifie les nouveaux tarifs de « fous » et « d’erreur totale ».
En avril, le vice-prince héritier Mohammed ben Salmane, 31 ans, a présenté un plan ambitieux « Vision 2030 » pour réformer et diversifier l’économie saoudienne qui cherche à attirer, outre de grands partenaires, des petites et moyennes entreprises.
L’augmentation substantielle des frais de visas pourrait dissuader ces dernières, affirme le premier diplomate.
Abdulrahman al-Zamil, ex-président du Council of Saudi Chambers, dit que ces inquiétudes sont exagérées, alors que le royaume, premier exportateur mondial de brut et première économie du monde arabe, « travaille vraiment dur » pour augmenter les revenus non-pétroliers.
Il préside le Zamil Group qui emploie 21.000 personnes dans des secteurs aussi divers que l’acier et la construction navale.
« La plupart de ceux qui sont intéressés par notre marché » sont « des géants » qui « peuvent se permettre » de payer les visas aux nouveaux tarifs, estime-t-il.
Selon lui, « le marché saoudien n’est pas vraiment attractif pour les petites et moyennes » entreprises de l’étranger.
Selon des sources proches du dossier, la mise en oeuvre de la nouvelle politique de visas « est en train d’être affinée » par les Saoudiens « sur la base de la réciprocité ».
Siyam, dont l’entreprise a traité environ 5.000 visas en 2015, prédit une baisse du nombre d’hommes d’affaires étrangers mais, dit-il, la baisse sera limitée.
« Ce pays, c’est un pays très important, donc, ceux qui veulent venir continueront à venir ».
Source: AFP