L’ingérence saoudienne dans les affaires libanaises s’intensifie à deux mois des élections législatives prévues début mai au Liban. D’autant que le camp du 14-mars qu’elle soutient semble bien écartelé.
Une délégation saoudienne était à Beyrouth le mardi 27 février. Celle-ci est dirigée par une nouvelle figure de la diplomatie saoudienne, Nizar Al-Aloula, lequel succède à Thamer al-Sabhane qui était à deux doigts d’être expulsé du Liban, tellement ses moyens contrevenaient aux convenances diplomatiques.
Signe fort de cette tournée, sa première destination a été le chef des Forces libanaises, Samir Geagea. C’est ma maison, lui a-t-il M. Al-Aloula. Ce fut aussi la rencontre la plus longue.
Contrairement à la visite postérieure du chef de l’Etat Michel Aoun qui avait à peine dure les 10 minutes. Riad ne le tient pas à cœur d’autant qu’il prône une politique indépendante d’elle, alors qu’elle tente de tenir le Liban en laisse, sous prétexte d’y contrer l’influence iranienne.
Evolution importante sur cette tournée : une rencontre s’est déroulée avec le Premier ministre et chef du courant du Futur, Saad Hariri. C’est la première du genre depuis sa séquestration à Riyad et sa démission forcée en novembre 2017. Une invitation lui a été adressée afin de se rendre à Riyad, qu’il a tout de suite acquiescée.
Ce mercredi, M Hariri s’est rendu en Arabie, et devrait y rencontrer le roi et le prince héritier. Il devrait ouvrir une nouvelle page entre les deux alliés historiques, mais aussi paver le chemin à la réconciliation entre son courant et les FL.
La relation entre les deux membres du camp du 14-mars est au plus mal, depuis que les proches de M. Hariri accusent les dirigeants des FL de s’être plaint auprès des dirigeants saoudiens, du fait que le Premier ministre libanais ne tient pas suffisamment tête au Hezbollah .
Auprès de son hôte saoudien, M. Geagea s’est aussi plaint que toutes ses tentatives en vue d’un rapprochement ont été repoussées.
Le grand absent de cette tournée saoudienne au Liban n’est autre que le chef du parti socialiste progressiste Walid Joumblatt. Celui-ci croit savoir que c’est en raison de ses prises de position sur la guerre saoudienne contre le Yémen qu’il a qualifié de «guerre absurde » et sur la privatisation de la société Aramco. Plus est-il qu’il avait déclaré au début du mois-ci qu’il ne se rendrait pas en Arabie si elle reproduit le même axe d’alignements politique. Pour l’instant, Riyad ne semble pas vouloir le rallier.
Avec Al-Akhbar