Depuis le lancement de la bataille de libération de la Ghouta orientale, le scénario de l’attaque chimique présumée était prévu. De nombreuses fois, des responsables russes en ont mis en garde. Les autorités syriennes aussi, y percevant des tentatives de les empêcher de continuer leur travail. En libérant au fur et à mesure la Ghouta, l’armée syrienne a découvert des dépôts dans lesquels étaient stockées des agents chimiques dont certains étaient de provenance allemande.
Plusieurs scénarios de mises en scène chimiques étaient plausibles. Celui que les miliciens le commettent eux-mêmes contre certains d’entre eux. Ou qu’ils le commettent contre les personnes enlevées qu’ils séquestraient. Ou qu’ils jouent tout simplement la mise en scène.
Les habitants qui ont été évacués de la Ghouta ont eux aussi assuré que ce sont les miliciens qui préparaient ces mises en scène. Ils ordonnaient aux gens de rester chez eux lorsqu’ils décidaient de le faire.
Un autre scénario était aussi possible : celui que l’armée syrienne bombarde le dépôt dans lequel les agents chimiques sont stockés, comme cela est arrivé à Khan Cheïkhoune dans la province d’Idleb en 2017.
Dans les médias occidentaux, on ne peut plus s’étonner de leur empressement à diffuser à profusion les dépêches qui accusent les forces gouvernementales de gazer la population syrienne. Ils font certes partie de la guerre menée par les monarchies wahhabites du Golfe et leurs alliés des puissances occidentales contre la Syrie : l’un des piliers de l’Axe de la résistance.
Aucun sens critique, qui avait pourtant fait la réputation de la « Raison occidentale cartésienne » ne transpire de la couverture de ces médias. La Syrie n’est pas un cas à part. Dans leurs conquêtes expansionnistes, les puissances occidentales s’alignent aux normes sournoises de la propagande, au mépris des règles du professionnalisme journalistique.
Le cas syrien est exemplaire pour étudier les différentes aspects qu’elles ont mises au point, à l’ère du numérique.
Dans la guerre en Syrie, force est de constater que les scénarios chimiques ont été essentiellement suggérés dans les cas suivants.
Lorsque l’équipe de l’Onu venait d’arriver en Syrie pour enquêter sur des accusations d’attaques chimiques dans le nord syrien, notamment dans la province d’Alep. C’était en 2013. Damas accusait les groupes terroristes et vice-versa. Le lendemain, il y a eu une attaque à Douma, dans la Ghouta orientale. Sans tarder, elle a été attribuée aux forces régulières. Les médias occidentaux l’ont relayé sans broncher. Par la suite, ils auront du mal à relayer les résultats d’une enquête onusienne qui suppose l’origine de tirs des zones occupées par les rebelles.
La deuxième attaque qui a fait parler d’elle est de celle de Khan Cheïkhoune dans la province d’Idleb. L’armée ne s’est pas caché d’avoir bombardé un dépôt d’armements. Rien n’explique pourquoi elle a besoin de recourir à un armement chimique dans un cas pareil. En tout cas, il a été le prétexte pour une attaque américain via des missiles mer-sol Tomahawks contre une base aérienne dans la province de Homs, qui servait de base de lancement des raids aériens contre Daech lors de la bataille pour la libération de Tadmor-Palmyre et ses suites.
Maintenant dans la Ghouta, au moment où l’accord est conclu, voilà qu’une nouvelle mise en scène est postée sur la Toile. Elle est d’autant plus douteuse que sa source n’est autre que les Casques Blancs, une équipe de soi-disant défense civile, financée par les Occidentaux et qui s’était fait remarquer par les mises en scènes fallacieuses.Jamais les médias occidentaux n’y font allusion.
Dans ces trois cas primordiaux, la spécificité militaire des armes chimiques n’est d’aucune utilité pour l’armée syrienne. On l’a vu lorsque l’ex-président irakien Saddam Hussein a gazé les kurdes à Halabja, lors de la guerre irako-iranienne. Se trouvant dans une position difficile dans cette région, il a voulu la vider et punir une population qui lui était farouchement hostile.
Le président syrien n’est certes pas dans cette perspective-là. L’évacuation des civils des zones rebelles se font sans embûches. Quant aux miliciens rebelles, ils sont soit escortés en toute sécurité jusque dans le nord syrien, soit ils se rendent et jouissent de l’amnistie présidentielle.
Le temps est révolu où les Syriens se faisaient avoir par ces magouilles médiatiques. En revanche, elles semblent surtout être adressées à l’opinion publique occidentale et arabe des monarchies du Golfe.
Elles permettent devant elle de justifier des attaques, qui ne changent désormais plus l’équilibre des forces et aussi de ternir l’image de l’armée syrienne et d’entacher l’exploit militaire réalisé. Les Occidentaux avaient omis de le faire pour la libération d’Alep. Ils le font maintenant de trop. L’affaire Skripal en est aussi un spécimen.