Le Conseil de la province de Raqqa, instance de l’opposition syrienne proche d’Ankara a violemment rejeté la prise de cette province par les Forces démocratiques syriennes (FDS), milice à majorité kurde soutenue par la Coalition, la qualifiant de « substitution d’une occupation par une autre ».
Lors d’un entretien avec l’agence russe Sputnik, le vice-président de ce conseil, l’opposant syrien résidant en Turquie Mohamad Hijazi a dit : « pour nous, en tant que fils de cette province, nous considérons que Raqqa est sortie d’une occupation vers une autre, celle de ceux qui arborent le portrait d’Abdullah Ocalan sur la place Al-Naïm, dans la province arabe de Raqqa ».
M. Ocalan n’est autre que le leader kurde turc qui réclame l’autonomie du Kurdistan turc et qui purge une peine de prison en Turquie.
« L’apparition du portrait du chef du parti des travailleurs du Kurdistan rappelle la même scène des festivités de Daech à la même place et de la même manière, sur les décombres et les cadavres des habitants arabes, dans une ville vide et détruite », a-t-il ajouté.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme, instance médiatique de l’opposition syrienne pro occidentale siégeant à Londres, a lui aussi rapporté que l’apparition du portrait du dirigeant kurdo-turc « a soulevé le mécontentement populaire ».
Interrogé sur l’affichage de ce portrait, la porte-parole du Pentagone Dana Wight s’est abstenu de tout commentaire.
« En ce qui nous concerne, il s’agit d’une nouvelle occupation. C’est l’administration américaine qui voulait détruire la ville et livrer ses décombres au projet séparatiste kurde », s’est offusqué M. Hijazi pour l’agence russe.
Les FDS doivent se retirer
Cette déclaration est intervenue après la publication du communiqué du Conseil de la province de Raqqa, dans lequel il demande aux FDS de se retirer de la province et de la livrer à ses habitants seulement.
Accusant la coalition internationale et les FDS d’avoir détruit la ville, déplacé sa population et confisqué ses biens, le texte réclame « le retour à la juridiction et à la loi syriennes exclusivement, l’expulsion de tous les éléments étrangers de la totalité de la province et le retour de tous les immigrés et les déplacés sans condition préalable ».
« Nous, fils de la province de Raqqa considérons tout élément étranger à la Syrie comme étant un terroriste avec lequel il est interdit de traiter et toute force le supportant sera considérée de même », a conclu le texte.
A toute l’Humanité
Ce vendredi, les Forces démocratiques syriennes (FDS), la milice à majorité kurde soutenue par les États-Unis, ont annoncé avoir complètement libéré la ville syrienne de Raqqa.
«Nous dédions cette victoire historique à l’ensemble de l’Humanité», a annoncé lors d’une conférence de presse le porte-parole des Forces démocratiques syriennes, Talal Sello, cité par l’AFP.
Selon les FDS, 655 membres de l’organisation été tués au cours des combats pour la ville, notamment des Arabes, Kurdes, Turkmènes, Assyriens, et également des Turcs, des Américains et des Britanniques.
«On a réussi à évacuer et à sauver les vies d’environ 450.000 habitants de Raqqa», prétend le communiqué.
« Nous nous engageons à protéger les frontières de la province de tous les dangers étrangers. L’avenir de Raqqa sera défini par son peuple dans la cadre d’une Syrie démocratique fédérale, et dont les habitants assumeront la responsabilité de leurs propres affaires », a conclu le texte des FDS.
Aux côtés des miliciens de la faction kurde des Unités de protection du peuple kurde (YPG), combattent quelques 3000 miliciens arabes appartenant à l’opposant pro saoudien Ahmad al-Jarba.
Mardi, le ministre d’Etat saoudien Samer al-Thabhane est apparu aux côté de Brett McGurk , l’émissaire américain auprès de la coalition internationale à Aïn Issa, dans la province de Raqqa, après y avoir rencontré les membres d’un conseil local mis sur pied par les FDS et évoqué la reconstruction de la ville.
Selon l’OSDH, 80% de cette ville est entièrement détruit. Depuis le mois de juin dernier, date de lancement de l’offensive contre Raqqa, l’OSDH a recensé la mort de 1172 civils dont 276 enfants et 203 femmes. Ces chiffres n’ont pu être confirmés de source indépendante.
Source: Divers