Le gouvernement pakistanais a fait appel à l’armée pour sécuriser Islamabad, où des violences entre les forces de sécurité et des manifestants soufis ont fait samedi au moins un mort, a annoncé le ministère de l’Intérieur
« Le gouvernement (…) autorise le déploiement d’un nombre suffisant de soldats de l’armée pakistanaise (…) en appui au pouvoir civil, (afin de) maintenir l’ordre sur le territoire d’Islamabad à partir du 25 novembre, et jusqu’à nouvel ordre », d’après une requête des autorités chargées d’administrer Islamabad, dont l’AFP a eu copie.
La puissante armée pakistanaise n’a fait aucun commentaire dans l’immédiat.
Plus tôt samedi, son chef, le général Qamar Javed Bajwa, avait téléphoné au Premier ministre Shahid Khaqan Abbasi pour lui conseiller de régler la situation « pacifiquement ». « La violence (…) n’est pas dans l’intérêt national », lui a-t-il dit, selon un tweet de son porte-parole.
Cette décision intervient après que des opérations policières entamées samedi matin n’ont pu venir à bout de quelque 2.000 manifestants qui bloquent depuis le 6 novembre le principal accès à Islamabad, malgré le déploiement d’environ 8.500 policiers et paramilitaires.
La manifestation est pilotée par un groupe religieux soufi peu connu, Tehreek-i-Labaik Yah Rasool Allah Pakistan (TLYRAP), qui exige la démission du ministre de la Justice, à la suite d’une polémique au sujet d’un amendement, finalement abandonné, en lien selon lui avec la très controversée loi sur le blasphème.
Selon la télévision qatarie al-Jazeera, les manifestants ont réclamé que soit éliminée une disposition juridique fraichement adoptée stipulant que le prophète Mohamad (S) n’est pas le sceau des prophètes. Et ce pour satisfaire à la demande de la secte des Qadiyanites, dont le gourou se prétend être un prophète. Cette secte qui a vu le jour en Inde et au Pakistan, au moment où les différents mouvements nationalistes et islamiques luttaient contre l’occupation des Britanniques, est soupçonné d’être une de leurs fabrications, d’autant que son chef fondateur avait décrété l’interdiction de lutter les Anglais.
Aux tirs des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc des policiers antiémeutes ont répondu les pierres et autres projectiles des protestataires, qui ont en outre incendié plusieurs véhicules de police, ont constaté des journalistes de l’AFP sur place.
D’après une source sécuritaire de haut niveau, les opérations ont été suspendues dans l’après-midi et n’avaient pas repris en début de soirée.
Un policier est mort après avoir été atteint par une pierre à la tête, a déclaré un porte-parole de la police d’Islamabad. Au moins 190 personnes, dont 137 membres des forces de sécurité, ont été blessées et conduites dans un hôpital d’Islamabad, selon un nouveau bilan communiqué à l’AFP par le porte-parole de cet établissement.