Que s’est-il passé au cours de l’entrevue entre cinq pays (France, États-Unis, Royaume-Uni, Arabie saoudite et Jordanie) début janvier à Washington, évoquée dans plusieurs médias français sous le nom de «Syrie Leaks»? Interrogé par Sputnik Turquie, l’ex-ambassadeur turc à Paris et Tripoli, Uluç Özülker, parle des détails de l’entretien secret.
Selon lui, les représentants des cinq pays pouvaient discuter là d’un plan de redécoupage des frontières du Proche-Orient et de la division de la Syrie en sphères d’influence dans le cadre d’une nouvelle stratégie proche-orientale.
«Les détails de la réunion secrète tenue le 11 janvier à Washington ont été appris par des journalistes grâce aux notes de l’ambassadeur britannique. Les participants ont également annoncé leur intention de tenir la prochaine réunion le 23 janvier, ce qui nous laisse conclure que ces négociations devaient être régulières.»
À en juger par les notes de l’ambassadeur, les participants ont d’ailleurs réfléchi à la perspective de faire participer des officiels égyptiens, allemands et turcs.
«En ce qui concerne la Turquie, les pays participant à la réunion avaient manifestement des doutes quant à la nécessité de l’inclure. Selon eux, les affrontements entre Turcs et Kurdes peuvent nuire aux décisions prises par ce groupe», a déclaré M.Özülker.
En outre, l’ancien ambassadeur a fait savoir à Sputnik que le représentant des États-Unis avait pointé lors de la rencontre la nécessité d’assurer une présence permanente de forces américaines en Syrie:
«Il est souligné qu’un des principaux buts des États-Unis était d’entraver le renforcement géopolitique de l’Iran dans la région. Les participants à la réunion affirment que les réussites de la Russie dans le cadre des processus d’Astana et de Sotchi sont le principal problème pour eux. Ils mettent en relief l’intention de les saboter, faisant en revanche des efforts pour ranimer les négociations de Genève».
En somme, d’après M.Özülker, «les cinq pays-participants ont évoqué quatre processus globaux. Premièrement, le représentant des États-Unis a souligné que la production d’armes nucléaires de petite taille pourrait ouvrir la voie à son utilisation dans des conflits régionaux. Deuxièmement, ils ont traité la feuille de route qui prévoyait des mesures contre la Russie et d’autres pays considérés comme constituant une menace pour l’Otan. Troisièmement, la question d’une éventuelle augmentation du nombre d’attaques israéliennes contre l’Iran à l’avenir a été soulevée. Quatrièmement, la question kurde et son rôle dans l’aggravation des tensions dans les relations entre Ankara et Washington a été discutée».
«En plus, ils ont souligné la probabilité d’un début de guerres irano-israélienne et turco-kurde, et ont aussi formulé des projets de division du territoire syrien», a déclaré M.Özülker.
Selon lui, ce qui a été évoqué par les cinq pays lors de la réunion indique que des conflits au Proche-Orient pourraient s’élargir géographiquement et toucher éventuellement la Turquie.
«À l’avenir, la situation dans la région pourrait s’aggraver», a-t-il souligné. «Les évènements qui se produisent indiquent que la confrontation entre des acteurs puissants, la Russie et les États-Unis, ne se limitera pas à la Syrie et s’étendra à tout le Proche-Orient», a précisé le diplomate turc.
«Tout ce qui se passe au Proche-Orient montre que la Turquie doit être très prudente dans ses actions», a conclu l’interlocuteur de Sputnik.
Source: Sputnik